Pour reprendre une formule de Claude-Lévi-Strauss, l’anthropologie, comme ses musées, est « une héritière tourmentée » du colonialisme. Aujourd’hui, les plaidoyers pour un retour des collections ethnographiques se multiplient.
La réflexion de Fernanda Celis s’écarte de cette voie et s’affranchit de l’approche spatiale. Sa proposition est courageuse : ouvrir et libérer les collections ethnographiques par une approche temporelle et un récit dont les ethnographes seraient les auteurs assumés.
L’idée se nourrit d’une étude critique de différents musées ethnographiques en France, en Suisse et en Espagne. L’analyse de leurs dispositifs d’exposition permet à Fernanda Celis de mettre en évidence les mécanismes de construction d’un temps suspendu dans les représentations de l’altérité. Elle nous invite alors à concevoir le musée comme un lieu de présence partagé entre objets et sujets où le présent devient non seulement un objet mais aussi un point d’ancrage à partir duquel construire l’objet. Ce qu’elle dénomme la contemporanéité intersubjective de l’exposition permet d’accueillir le là-bas dans l’ici, l’autrefois dans le maintenant.
L’ouvrage propose ainsi une libération du temps pour une décolonisation du musée sur place.
Préface : Octave Debary
Introduction : Temps et présent du musée d’ethnographie
Chapitre 1. Construction et dilution du temps dans les expositions
Chapitre 2. Les absents (objets du présent)
Chapitre 3. De l’altérité à la contemporanéité
Le temps est venu. Décoloniser le musée d’ethnographie
Annexe : Portrait-robot des musées abordés
Postface : Pierre Alain Mariaux