17/10/2019 [Séminaire « Santé et religion »] : Une alliance imparfaite. Limite de l’usage du pluralisme thérapeutique pour traiter les troubles mentaux en Inde
17/10/2019 [Séminaire « Santé et religion »] : Une alliance imparfaite. Limite de l’usage du pluralisme thérapeutique pour traiter les troubles mentaux en Inde
15 octobre 2019 Aucun commentaire sur 17/10/2019 [Séminaire « Santé et religion »] : Une alliance imparfaite. Limite de l’usage du pluralisme thérapeutique pour traiter les troubles mentaux en IndeSanté et Religion
Séminaire de recherche – Anthropologie, 5e édition. Organisation: Serena BINDI (Canthel , Univ. Paris Descartes)
Une alliance imparfaite. Limite de l’usage du pluralisme thérapeutique pour traiter les troubles mentaux en Inde
Brigitte Sébastia (IFP, CEIAS)
Dans le village d’Ervadi, réputé pour le pouvoir de ses saints soufis à annihiler les effets délétères des esprits malveillants sur la santé mentale, une des paillotes rudimentaires hébergeant des patients s’est soudainement embrasée dans la nuit du 6 aout 2001. Enchainés aux piliers de la paillote, 28 patients ont perdu la vie. Ce tragique évènement, fortement médiatisé, a contraint le gouvernement du Tamil Nadu, puis de l’état fédéral, à faire appliquer la loi sur la santé mentale obligeant le traitement des patients avec troubles psychiatriques dans des centres équipés d’un personnel spécialisé, et à organiser une large concertation avec tous les acteurs en santé mentale en vue d’améliorer cette loi datant de 1987. Les sanctuaires traditionnellement fréquentés pour leur qualité thérapeutique ont été sommés d’interdire le port de chaines et d’orienter les patients difficiles vers les centres psychiatriques. Parallèlement à ces règles qui visaient à délégitimer le recours vers la thérapie religieuse, quelques acteurs en santé mentale ont proposé d’utiliser les sanctuaires comme lieu de soin. Tandis qu’une consultation de psychiatrie à Ervadi, ainsi que recommandée par le gouvernement du Tamil Nadu, n’a vu le jour qu’en 2014, le village de Gunaseelam s’est très vite doté d’une clinique résultant de l’accord entre les prêtres de son temple dédié à un avatar de Vishnou réputé pour soigner les maladies mentales, et d’un psychiatre, un fervent dévot de la divinité. Les rituels religieux destinés à traiter troubles mentaux n’ont pas pour autant disparu de sorte que les patients bénéficient d’un système thérapeutique basé sur la tradition et la modernité.
Gunaseelam se propose donc comme un site idéal pour observer comment une telle alliance thérapeutique est construite, et est vécue tant par les acteurs (prêtres, psychiatres) que par les receveurs (patients, familles de patients). Au cours de mes recherches précédentes sur le recours du religieux pour traiter les troubles mentaux, je m’étais interrogée sur la pertinence de l’intégration de la psychiatrie dans l’espace religieux comme un moyen intéressant pour pallier les déficiences en soin psychiatrique. L’étude de Gunaseelam a néanmoins révélé que la thérapie proposée fait la part belle à la psychiatrie dont les pratiques présentent des insuffisances pouvant être contreproductives pour réaliser l’objectif du projet d’alliance thérapeutique: traiter les patients qui seraient privés de soins appropriés.
Jeudi 17 octobre
15h45 à 17h45
Université Paris Descartes, 45 rue des Saints Pères, Paris 6e
salle R213, au 2e étage du bâtiment central
Entrée libre