Quelle est la place des mondes de la culture et des industries culturelles et créatives dans la production d’un nouvel imaginaire de la migration? Quel est celui qui émerge des formes d’actions culturelles et de créations engagées dans les «camps» et «campements» qui constituent des formes spatiales de la migration et de l’exil contemporain particulièrement visibles dans la région.
Ces espaces transitionnels sont sous-tendus par de très fortes et rapides mutations, objet de formes fluides et hyper-flexibles d’appropriation de l’espace, avec des formes extrêmement différentes les unes des autres, hybridant les dynamiques des bidonvilles, des campements et des camps. Ces espaces transitionnels, plus ou moins stabilisés et institutionnalisés comme à Grande-Synthe ou Calais, sont devenus des espaces d’intervention culturelle pour des réseaux d’artistes européens et pour des collectifs locaux. Ateliers créatifs pour des enfants pour qui la scolarisation reste compliquée, spectacles et concerts, projections et productions de films documentaires, créent des connexions dans les moments partagés et soutiennent la production d’un cosmopolitisme original. L’art dans les camps et les jungles ne se réduit pas aux pratiques culturelles et artistiques des migrants eux-mêmes, même si elles sont nombreuses. Les mondes de la culture, comme mondes sociaux et culturels, s’y rendent également visibles et les interventions et leurs médiatisations donnent forme et contribuent à instituer les valeurs qui les organisent.
Cette activité participe par ailleurs de la publicisation d’imaginaires et de récits renouvelés de la migration et de la marge et engendre des collaborations entre acteurs culturels, sociaux, humanitaires et militants. Ces lieux tendent à se transformer en véritables chronotopes de notre mondialisation. Les formes d’intervention diffèrent entre les «mondes de la culture» engagés sur les camps. Au-delà de cette diversité, les esthétiques des constructions: containers customisés, lieux de bois, les artistes et performers qui habitent les lieux, les micro-théâtres, les pratiques culturelles et artistiques des migrants eux-mêmes et notamment les performances musicales contribuent à forger des esthétiques et des ambiances singulières, articulant la normalisation propre aux camps et une créativité valorisée et travaillée par les artistes et les militants. Ces actions culturelles donnent lieux à des formes d’occupation de l’espace des camps et se traduisent spatialement par l’aménagement de scènes éphémères de lieux de pratiques, de réalisations paysagères et architecturales qui s’inscrivent par ailleurs dans un paysage transnational du campement.
Les rencontres entre chercheurs de disciplines différentes et d’acteurs culturels peuvent éclairer les logiques et dynamiques parfois contradictoires dans lesquelles s’inscrit l’action culturelle, lorsqu’elle est prise dans des impératifs d’efficacité politique, économique, humanitaire et social. Dans ces contextes, les acteurs culturels inventent de nouveaux dispositifs d’action ajustés aux contextes et aux situations, en hybridant leurs formes d’action culturelle habituelle au contact des militants, professionnels de l’humanitaire et des migrants eux-mêmes.
Du samedi 25 mars 2017 au dimanche 26 mars 2017
Le Channel – Calais | 173 Bd Gambetta – Calais
Entrée libre sur inscription