Coordonné par Sophie Laligant et Géraldine Le Roux.

Dans sa trajectoire plurimillénaire, la diversité de ses formes, de ses principes et de ses usages, la monnaie se conforme rarement aux conceptions de l’économie classique. Ce recueil d’ethnographies de différentes aires culturelles montre comment la monnaie établit et maintient des relations et s’adosse à différentes souverainetés, qu’il s’agisse d’un État, des ancêtres ou du cosmos. Ici, la valeur n’est déterminée ni par une puissance étatique ni par des institutions financières, mais par des formes de souveraineté décelables dans les pratiques et les systèmes de représentations propres à chaque société.

Ces monnaies naissent, vivent, se régénèrent et parfois meurent. Leur circulation est conditionnée non pas seulement par des impératifs financiers et économiques, mais aussi par les relations sociales entre vivants ou entre vivants et défunts. Signe par excellence de la relation sociale, la monnaie représente la société et en manifeste les valeurs. Et si « la richesse de la monnaie » existe, pour reprendre l’expression de Michel Aglietta et André Orléan, elle est avant tout à comprendre, comme nous le dévoilent les ethnographies présentées ici, dans la stricte dépendance des rituels, des relations, de la mémoire, du langage, des mutations qui lui donnent sens et la font vivre mais aussi qu’elle condense, chaque fois dans la cohérence de chaque société particulière, d’hier et d’aujourd’hui.

Ainsi, toutes ces contributions mettent en évidence le caractère universel de la monnaie et du phénomène monétaire qui expriment et confortent les valeurs globales de chaque société, garantissant la cohérence de leur organisation et de leur pérennité, quand bien même des mutations et de nouvelles logiques sont à l’oeuvre.