Publication | cArgo 11 : Médecine et religion

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cArgo 11 : Médecine et religion

coordonné par Serena Bindi et intitulé « Médecine et religion », le dernier numéro de la revue d’anthropologie cArgo est paru. 

Éditorial

Traditionnellement, l’ethnologie a toujours été considérée comme la science des sociétés et des cultures dites traditionnelles. Elle fut ainsi contrainte, parfois à son corps défendant, et pour mieux circonscrire son objet d’étude, d’exagérer le fossé séparant ces sociétés dites traditionnelles des sociétés dites modernes, voire post-modernes. C’est ainsi que les ethnologues américanistes, africanistes et océanistes se sont employés à décrire, avec beaucoup de minutie, les us et coutumes, rituels sacrés et profanes, les diverses versions mythologiques, croyances dans l’au-delà, systèmes de parenté… Et tout se passe comme si ces descriptions devaient valider et légitimer le fameux grand partage entre « eux » et « nous ». De nombreux travaux ont été consacrés à cette coupure et à sa critique.

Ce numéro 11 de cArgo aborde ce problème à travers la double question de la religion et de la santé. Le monde entier vit une situation pandémique depuis la fin de l’année 2019 : l’étude de ces dimensions religieuses et symboliques de la santé et de la maladie sont plus que jamais nécessaires. Or, loin d’assister à la réitération d’une distinction franche et irrémédiable, nous constaterions plutôt, à la lecture de ce numéro, une logique de congruence au sein de plusieurs autres logiques de conflits et de différends.

L’incompatibilité entre les médecines traditionnelles et les médecines occidentales s’accompagne, sans crise ni rejet, d’une recherche permanente d’ajustements et de concordance qui finissent par tisser un monde d’enchevêtrements de diverses pratiques très contrastées, qui, pour peu qu’on sache en traduire le langage, donne le sentiment d’une mosaïque dans laquelle sont recherchés autant le bien-être des patients que le dessein d’un univers cohérent et apaisé. Les niveaux d’hétérogénéité entre les diverses pratiques de soins incitent les acteurs (médecins, personnel hospitalier, guérisseurs…) à coopérer dans le sens d’un évitement salutaire de conflits qui mettraient en danger le patient luimême. Il en va de même pour les pratiques religieuses qui, tout en recherchant des instances de légitimation, s’efforcent de maintenir, si ce n’est une harmonie, en tout cas un niveau d’équilibre destiné à enrayer les processus de conflictualité qui seraient mortifères dans les domaines de la santé et de la foi.

Il va sans dire que dans ce contexte, il est tentant de remettre en question les définitions classiques de la tradition, qui ne correspondent plus, au vu de ce dossier, à la réalité décrite par les auteurs des articles. Une des ouvertures possibles des interrogations portées par ce numéro, résiderait dans la tentative de construire des logiques d’entremêlement, parfois sous tension, entre les pratiques traditionnelles, les temporalités nouvelles, les façons de faire et de dire et les transmissions orales et écrites.

Francis Affergan, Erwan Dianteill

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