Au cours des quarante dernières années, le corps a donné lieu à un nombre surprenant de recherches en sciences sociales. Il s’agit d’un corps compris comme sujet et objet, porteur de sens et support matériel, individuel et social. Que ce soit comme texte, comme symbole ou comme habitus, le corps s’est avéré être un terrain fertile à partir duquel anthropologues et sociologues ont réfuté modèles et idéologies abstraits et universalisants et réfléchi aux opérations du pouvoir, aux systèmes d’oppression et aux possibilités d’action et de changement politique. Les articles réunis dans cet ouvrage s’inscrivent dans une perspective de « corporéité du politique » : la matérialité des relations de pouvoir et leur caractère éminemment physique. Tout en se concentrant sur les phénomènes de médicalisation et de pouvoir médical (notamment dans la partie consacrée à cette institution), les contributions adoptent une vision du corps comme objet et sujet du pouvoir, parce que le pouvoir ne peut s’exercer qu’à travers et sur les corps, et parce que tout corps est traversé par le pouvoir. La vocation empirique est le dénominateur commun qui traverse les chapitres de cet ouvrage, analysant des situations et des processus où le corps est objet de régulation et sujet d’action dans différentes parties du monde. Bien qu’il s’agisse de données empiriques actuelles, les études soulignent, sans exception, l’empreinte de processus historiques sous la forme de coutumes, de règles et de faits inscrits dans la mémoire. Cette production collective est organisée en trois grandes sections : politique, santé et religion. Il s’agit de champs thématiques majeurs, points d’ancrage à partir desquels nous proposons une lecture et un dialogue avec les enjeux théoriques, les constats et les conclusions de chacune des contributions.

Avec les contributions de :  Serena Bindi, Marcos Carbonelli, Mari-Sol García Somoza, Verónica Giménez Béliveau, María Isabel Hartfiel, Gabriela Irrazábal, Jennifer Lorin, Ana Mallimaci Barral, Valérie Robin Azevedo.